LE CHANT DE LA MISÈRE (Delly, 1910)

Texte intégral du chef-d’œuvre de Marie PETITJEAN DE LA ROSIÈRE

posté le 29-08-2013 à 13:36:50

INFORMATIONS DIVERSES ET REMERCIEMENTS

J’aborde divers sujets dans cet article.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

1) Mise en ligne du roman

------------------------------------------------------------------------

Jai mis en ligne ce roman, sous le pseudonyme dAlexis DORVENNE, durant lété 2013, aux dates indiquées sur mon blog. La date et lheure de première parution de chaque article (souvent un chapitre du roman) est donnée automatiquement par les webmestres de ce site.

La date et lheure de ma dernière édition, je lai inscrite au bas de chaque article.

Jai utilisé deux éditions différentes du roman, qui diffèrent un peu quelquefois. Jai mis les différences en note.

Cest très difficile de taper un roman d’environ 33 000 mots sans faire de faute, et jen ai sans doute fait.

De leur côté, les Éditions du DAUPHIN ont dû travailler, je pense, avec les manuscrits de Delly (1910). Or on sait qu’elle écrivait ses romans à la main sur de simples cahiers. D’où les inévitables erreurs de transcription, malgré tout le soin apporté.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

2) Mes sources, que je remercie vivement :

------------------------------------------------------------------------

A) Les Éditions du DAUPHIN

43-45, rue de la TOMBE-ISSOIRE

75014 PARIS

http://www.editionsdudauphin.com/

Elles ont publié 9 romans de Delly, de 1950 à 1982 ou environ.

------------------------------------------------------------------------

B) La SGDL ("Société des Gens de Lettres" devenue "Société des Gens de Lettres de France")

Hôtel de MASSA

38 rue du FAUBOURG-SAINT-JACQUES

75014 PARIS

http://www.sgdl.org/

 

Marie et Frédéric léguèrent tous leurs manuscrits ainsi qu’une grande partie de leur fortune à la SGDL pour les écrivains malades ou nécessiteux. Une des salles de l'hôtel de Massa, siège de la SGDL, porte le nom de "salle Delly".

------------------------------------------------------------------------

C) LE ROCAMBOLE

Ce "Bulletin des amis du roman populaire", qui paraît 3 fois par an, a publié en juin 2011, dans son numéro 55-56, daté d’été-automne 2011, un livre de 352 pages, dont 290 pages sont consacrées à "L'œuvre de Delly" (page 3, pages 11 à 284, pages 338 à 352).

C’est un ouvrage exceptionnel que je ne peux que recommander très vivement d’acheter. (27 €).

http://www.lerocambole.com/

Ce livre est remarquablement bien fait, donc.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

3) Delly, une sœur et un frère

------------------------------------------------------------------------

Marie (1875-1947), demeurée célibataire, et Frédéric (1876-1949), handicapé physique dès 1909, puis marié mais assez vite veuf sans enfant, vivaient retirés à Versailles.

On ne sait pas quelle participation exacte apporta Frédéric à l’œuvre de sa sœur, qui écrivit seule ses premiers romans, longtemps signés « M. Delly ». La dédicace de "Une Femme supérieure" est d’ailleurs : « À mes chers parents » et non : « À nos chers parents ».

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

4) Présentation du roman que j'ai mis en ligne :

------------------------------------------------------------------------

LE CHANT DE LA MISÈRE (Delly, 1910) m'apparaît incontestablement comme le chef-d’œuvre de Delly, plus précisément de Marie PETITJEAN DE LA ROSIÈRE (Avignon-1875-1947-Versailles), puisqu'on sait qu'elle écrivit seule ses romans au moins jusqu'en 1911 (source : SGDL, lettre du 7-8-2007).

Le roman parut d'abord en feuilleton dans "L'Écho de Paris", du 16 septembre au 18 octobre 1910 (source : LE ROCAMBOLE, N°55-56, été-automne 2011). Il fut imprimé par les Éditions du DAUPHIN en 1952 (publication posthume, donc).

L'ouvrage fut plusieurs fois réédité, au moins jusqu'en 1979, mais pas après 1982. Du reste, je ne connais pas d'ouvrage de Delly publié après avril 1984.

 

Le 28 janvier 2003, j'ai acheté aux Éditions du DAUPHIN leur dernier exemplaire neuf, pour la modique somme de 2,30 € !

C’était très peu cher, évidemment, mais l’éditeur m’a expliqué par téléphone qu’une loi lui interdisait d’augmenter les prix !

Du coup, j’ai acheté tous les exemplaires restants (cinq, je crois) et j’ai pu ainsi en offrir autour de moi.

 

Aujourd'hui, à mon tour, je fais mieux encore : je vous offre GRATUITEMENT ce roman que je considère, et de très loin, comme le chef-d’œuvre de Marie PETITJEAN DE LA ROSIÈRE. Aucun remplissage, un merveilleux scénario, des dialogues époustouflants, une morale très haute, la morale du Dieu vivant, celui de l'Église Romaine, Une, Sainte, Catholique et Apostolique.

Note 1 : s’il y a une erreur dans ce texte de présentation, veuillez m’en excuser et me faire parvenir la correction à :

alexis.dorvenne@laposte.net.

Note 2 : toute information complémentaire sera évidemment aussi la très bienvenue.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

5) Autres romans de Delly en ligne

------------------------------------------------------------------------

La société Gutenberg (http://www.gutenberg.org/) a mis en ligne quatre romans de Delly en 2009, tous quatre produits par Daniel FROMONT (auteur, en 2003, d’une bibliographie critique de Delly), les quatre dont le titre commence par "E" ou "L’E" ou "L’É" :

 

A) "Entre deux âmes", dédié « À Monsieur Charles Foleÿ, amical et reconnaissant hommage », mis en ligne le 2 janvier 2009 :

http://www.gutenberg.org/files/27855/27855-8.txt

------------------------------------------------------------------------

B) "Esclave... ou reine ?", mis en ligne le 18 février 2009 :

http://www.gutenberg.org/files/28114/28114-8.txt

------------------------------------------------------------------------

C) "L’Exilée", mis en ligne le 6 avril 2009 :

http://www.gutenberg.org/files/28519/28519-8.txt

------------------------------------------------------------------------

D) "L'Étincelle", mis en ligne le 28 août 2009 :

http://www.gutenberg.org/files/29825/29825-8.txt

"L'Étincelle" (paru en 1905, mais publié en feuilleton dès 1894), roman dédié « À ma chère et vénérée grand-tante Mme Dutfoy, en témoignage de ma respectueuse affection » fut republié plus tard (1936) sous le titre de "La Jeune Fille emmurée", avec quelques modifications.

------------------------------------------------------------------------

Il y a peut-être en ligne d‘autres romans de Delly, je ne sais pas.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Contact (pour correction de mon texte, compléments d’informations, ou autre sujet) :

alexis.dorvenne@laposte.net

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Édition du mercredi 2 octobre 2013, à 17h57

 

 

 

 

 

 


 
 
posté le 27-08-2013 à 11:10:18

LE CHANT DE LA MISÈRE (Delly, 1910) Chapitre 16 et dernier

 Que mon pauvre père me pardonne ! mais j'ai brûlé son "Chant de la Misère". Je n'aurais pas voulu qu'il risquât d'être lu un jour par nos enfants, le chant de haine et de désespoir que la petite Solange Dorvenne savait si bien dire naguère, et dont, jeune fille, elle ne comprit toute l'horreur qu'en le comparant à la morale évangélique. Mais, avant de le détruire, je le montrai à mon bien-aimé Jacques, qui reçoit la confidence de toutes mes pensées. Quand il eut fini de le lire, il me regarda avec son air de grand amour en disant :

 — Tu as bien été éprouvée par le feu, ma Solange ! Pour avoir connu ceci et être demeurée ce que tu es, il fallait une nature profondément droite et pure. Brûle-le, qu'il n'en reste que des cendres. Nous avons, nous autres, notre Évangile de miséricorde et d'amour. C'est lui qui sauvera le monde perdu par les doctrines dont ton malheureux père fut l'adepte.

 Quand la petite flamme allumée par moi eut cessé de brûler, nous restâmes un moment à considérer ce minuscule tas de débris calcinés, qu'un attouchement réduirait tout à l'heure en poussière. Et Jacques dit pensivement :

 — Voilà tout ce qui restera de leurs doctrines humaines : des cendres et des ruines !

 

 FIN

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Texte de Marie PETITJEAN DE LA ROSIÈRE (Avignon 1875-1947 Versailles), d'abord paru en feuilleton dans le quotidien "L'Écho de Paris" du lundi 26 septembre 1910 au mardi 18 octobre 1910, puis © Éditions du Dauphin, 1952. Publié sous le pseudonyme de "Delly".

Mis en ligne durant l'été 2013 par Alexis DORVENNE (pseudonyme).

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Notes d'Alexis DORVENNE :

1) J'ai supprimé la majuscule du "M" dans « Mais j'ai brûlé [...] », considérant que c'est la fin de la phrase initiale du chapitre.

2) Le mot "FIN" n'est pas écrit dans la collection "PRESSES POCKET". Mais peu importe, ce très court chapitre seizième est bien le dernier du roman !

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Contact (pour correction de mon texte, ou autre sujet) : alexis.dorvenne@laposte.net

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Édition du mardi 27 août 2013, à 11h10

 

 

 

 


 
 
posté le 26-08-2013 à 11:12:22

LE CHANT DE LA MISÈRE (Delly, 1910) Chapitre 15-D

 La nouvelle de nos fiançailles coupa net les ailes aux calomnies. On connaissait trop bien Jacques Mairet et sa mère pour supposer un seul instant qu'ils eussent songé à ce mariage s'ils n'avaient été parfaitement sûrs de mon entière honorabilité. D'autre part, je ne sais comment, Dominique Lasalle s'était dévoilé. Ce fut à mon égard, de la part de ceux qui m'avaient suspectée, une réparation complète. Je ne gardai rancune à personne et continuai paisiblement mes classes. J'avais donné ma démission d'institutrice. Très peu de temps avant la fin de nos fiançailles, qui durèrent deux mois, je fus remplacée. Nous allâmes alors nous installer pour quelques jours chez les parents d'une de mes élèves, qui s'étaient toujours montrés fort bons pour moi. C'est là, de cette maison étrangère, que je devais sortir pour être unie à Jacques Mairet.

 Mon instruction religieuse marchait à grands pas. Je devais être baptisée quelques jours avant notre mariage. Avec le curé de Bar-les-Chaumes, Jacques avait été mon principal initiateur à cette vie spirituelle si longtemps ignorée de moi. Nous avions ensemble de longues et graves conversations à ce sujet, ou bien nous parlions d'Alexine, des enfants, de la façon dont nous les installerions à la Perlière, de l'existence de fermière qui serait désormais la mienne. Mais jamais il ne me disait un mot d'amour. Je compris qu'il agissait ainsi par délicatesse, pour ne pas heurter mon cœur, trop sensible encore, et la reconnaissance émue que m'inspirait déjà son exquise bonté pour moi et les miens s'en accrut, en même temps que l'admiration pour cette nature si élevée au-dessus des mentalités ordinaires.

 À l'Abbaye-Blanche, Michel venait d'être très malade. Sa femme le soigna avec un admirable dévouement, sans vouloir le quitter un instant, bien qu'elle fût exténuée. Jacques, malgré ses occupations pressantes, passa plusieurs nuits près de son cousin.

 Enfin, le danger fut conjuré, la convalescence se passa normalement, la guérison vint très vite. Quinze jours avant la date fixée pour notre mariage, tous les Dorques, invités par Jacques, arrivèrent à la Perlière pour passer la journée avec nous. C'était la première fois que je revoyais Michel. À l'avance, je m'étais inquiétée de cette entrevue inévitable. N'allait-elle pas raviver le sentiment que j'avais refoulé au fond, tout au fond de moi-même, si loin même que je me demandais parfois s'il existait encore ?

 Et lui, Jacques, n'éprouvait-il pas aussi une anxiété à ce sujet ? Rien n'en paraissait sur sa physionomie, mais je le savais très maître de ses impressions. Or, il m'était singulièrement pénible qu'il pût souffrir d'une inquiétude de ce genre.

Nous étions tous dans la grande cour de la ferme lorsque la voiture de l'Abbaye-Blanche vint s'y arrêter. Je me tenais debout près de Jacques et j'appuyais ma main sur son bras. Nous allâmes ensemble au-devant des arrivants. Je fus frappée aussitôt du changement d'Alice, qui, d'un bond souple, descendait la première du break conduit par son mari. Son teint avait pris une extrême fraîcheur, ses yeux brillaient d'un doux éclat. Elle était vraiment charmante dans sa jolie toilette claire, sous l'ombre d'un chapeau simplement auréolé de tulle.

 Je mesurai l'espace parcouru en constatant qu'aucun sentiment de jalousie ne s'éveillait en moi et que je pouvais répondre sincèrement à son affectueuse cordialité.

 Et lui s'avançait à son tour. Un peu maigri, il avait cependant un air d'intime contentement que je ne lui avais jamais connu. Nos regards se rencontrèrent, très calmes l'un et l'autre, à peine un peu troublés un instant par le souvenir. Il prit la main que je lui tendais et la serra fortement en disant avec émotion :

 — Je me réjouis du bonheur de mon cher Jacques. Et vous aurez en lui, mademoiselle Solange, le plus admirable des époux.

 — Je le sais, et j'en suis si fière, si heureuse !

 J'avais prononcé ces mots avec chaleur, en regardant mon fiancé. Je vis un rayonnement soudain sur sa physionomie, et je rencontrai un regard d'ardente reconnaissance qui me pénétra d'un doux contentement.

 Nous entrâmes tous dans la salle pour nous mettre à table. Celle-ci était délicieusement fleurie, Mme Mairet avait sorti le service des grands jours pour ce repas qui me réunissait, pour la première fois depuis nos fiançailles, à la plus proche parenté de Jacques. J'étais assise près de lui, vêtue d'une robe blanche que m'avait faite Alexine et qui m'habillait à merveille, ainsi que je m'en étais convaincue ce matin devant mon miroir, car je devenais un peu coquette depuis quelque temps. Je portais à mon corsage une broche ravissante, offerte ce matin par Jacques, qui ne savait qu'imaginer pour me gâter, m'entourer de délicates prévenances, toujours avec cette discrétion charmante qui me touchait plus que tout. Jamais, depuis que j'étais sa fiancée, je ne m'étais sentie aussi heureuse qu'aujourd'hui.

 Toute gêne avait disparu entre Michel et moi. Nous causâmes beaucoup ensemble au cours du repas. Il voulut que je lui racontasse moi-même la triste fin de mon frère et l'évolution d'âme qui s'était produite alors chez moi. Alice parlait peu, mais elle regardait son mari avec une tendre admiration qui en disait long sur ses sentiments. Lui, peu démonstratif, nous entretint avec chaleur du dévouement de sa femme pendant sa maladie, de la sollicitude dont elle l'entourait encore. Visiblement, l'accord régnait entre eux, et je m'en réjouis le plus sincèrement du monde, ce qui acheva de me rassurer tout à fait sur ma guérison.

 Comme nous nous levions de table, le déjeuner fini, je pris le bras de Jacques.

 — Allons tous deux dans le jardin, voulez-vous ? demandai-je à mi-voix.

 Il me regarda d'un air surpris et ravi, car d'ordinaire je ne provoquais jamais moi-même le tête-à-tête.

 — Si je le veux !

 Nous nous éloignâmes pour gagner le vaste enclos garni de fleurs en profusion et d'arbres superbes. Ce n'était pas le vieux jardin pittoresque de l'Abbaye-Blanche, mais Jacques avait fait de celui-ci quelque chose de charmant, en harmonie avec la maison d'habitation de la Perlière, fleurie de la base au faîte à cette époque de l'année.

 Quand nous fûmes sous l'ombre des grands arbres à peine effleurés par une douce brise tiède, je m'appuyai un peu plus fort sur le bras de Jacques et je lui dis avec un petit mouvement de tête coquet :

 — Tout le monde m'a fait compliment de ma robe. Il n'y a que vous, Jacques... Ne vous plaît-elle pas ?

 Je fus enveloppée d'un regard d'admiration passionnée. Très bas, comme s'il s'excusait, il répondit :

 — Je ne vous fais jamais de compliments parce que je crains de vous déplaire. Mais vous êtes à mes yeux au-dessus de tout. Oui, vous êtes radieusement jolie aujourd'hui, Solange ! Je vous l'aurais déjà dit mille fois si je l'avais osé.

 Oh ! l'âme exquise que celle-là ! Qu'il ferait bon s'appuyer sur un tel amour !

 Ma tête s'inclina un peu sur son épaule, et je murmurai doucement :

 — Jacques, vous ne m'avez pas encore embrassée.

 Je le sentis frémir, hésiter un moment, comme s'il n'osait croire. Puis ses lèvres se posèrent sur mon front, timides encore, l'effleurant à peine.

 — Ma Solange !

 Je levai les yeux vers lui, je le regardai longuement, avec toute la tendresse de mon cœur. Alors il comprit. Ses bras m'entourèrent, m'attirèrent doucement, et cette fois il me donna un vrai baiser de fiancée, bien long, bien tendre, en répétant avec ivresse :

 — Ma Solange ! Ma chérie !

 — Oui, votre Solange, pour toujours, mon cher Jacques.

 Et ce furent là nos véritables fiançailles. 

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 Texte de Marie PETITJEAN DE LA ROSIÈRE (Avignon 1875-1947 Versailles), d'abord paru en feuilleton dans le quotidien "L'Écho de Paris" du lundi 26 septembre 1910 au mardi 18 octobre 1910, puis © Éditions du Dauphin, 1952. Publié sous le pseudonyme de "Delly".

 Mis en ligne durant l'été 2013 par Alexis DORVENNE (pseudonyme).

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Notes d'Alexis DORVENNE :

1) Comme indiqué en note du chapitre XIV, ce chapitre XV étant très long, je l'ai divisé en quatre parties, le décomposant en quatre articles sur mon blog : 15-A, 15-B, 15-C et 15-D.

2) J'ai rajouté une virgule après : « D'autre part, je ne sais comment ».

3) La collection "PRESSES POCKET" a oublié la virgule après : « du dévouement de sa femme pendant sa maladie ».

4) La collection "PRESSES POCKET" n'a pas mis de virgule entre « Enfin » et « le danger fut conjuré ». Comme bien souvent, j'ai choisi la version de la collection "ROMANESQUE".

5) Le (court) chapitre XVI sera le dernier du roman.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Contact (pour correction de mon texte, ou autre sujet) : alexis.dorvenne@laposte.net

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Édition du lundi 26 août 2013, à 11h12

 

 

 

 


 
 
posté le 24-08-2013 à 11:02:36

LE CHANT DE LA MISÈRE (Delly, 1910) Chapitre 15-C

 Durant le court trajet entre le village et la ferme, nous ne parlâmes pas. Mon cœur était serré par une émotion pénible, et l'incertitude m'agitait encore. En outre, la pensée de cet amour, dont j'étais l'objet, et que je ne pouvais pas rendre, me pénétrait d'une sorte de gêne.

 Jacques était seul dans la grande salle ornée de vieux meubles bien entretenus comme ceux de l'Abbaye-Blanche, mais où j'avais toujours remarqué une note plus élégante. De jolis vases bien choisis, des fleurs l'ornaient, et aussi quelques belles gravures que j'admirais toujours dans les rares visites à la Perlière.

 Le jeune homme se leva vivement à notre entrée et vint vers nous. Sa mère dit simplement :

 — Jacques, j'ai tout dit à Mlle Dorvenne. Maintenant, je te laisse avec elle.

 — Maman ! s'écria-t-il d'un ton de reproche intense.

 — Je le devais, pour vous deux. Ne crains rien, elle ne s'est pas méprise sur toi. À tout à l'heure, mes enfants.

 Elle sortit et nous demeurâmes seuls en face l'un de l'autre. Alors je lui tendis la main.

 — Non, je ne me suis pas méprise un instant sur le motif qui vous a guidé en m'écrivant, monsieur Jacques. Je vous estime trop profondément pour cela.

 — Comme vous êtes bonne ! Comme c'est charmant à vous de me dire cela.

 Il balbutiait presque, cet homme que j'avais toujours vu si maître de lui, en me serrant la main, en m'enveloppant d'un regard de reconnaissance attendrie. Et, avec une sorte de timidité, il interrogea :

 — Que vous a dit ma mère ?

 — Elle m'a demandé ma main pour vous.

 — Et... vous me la donnez ?

 Son regard exprimait une angoisse inexprimable. Et j'y lus aussi tant d'amour que je reculai instinctivement, bouleversée jusqu'au fond de l'âme, n'osant plus offrir ce que je pouvais seulement lui donner.

 J'avais déjà eu l'occasion de remarquer que le jeune maître de la Perlière possédait une rare faculté d'observation. Je m'aperçus aussitôt qu'il avait deviné ma pensée, en l'entendant dire d'une voix dont il s'efforçait de dissimuler les vibrations frémissantes :

 — Je sais d'avance tout ce que vous allez m'objecter, Solange. Mais je vous prends telle que vous êtes, confiant que je suis en votre loyauté. Je vous aime de toutes les forces d'un cœur qui n'a encore jamais connu l'amour, je ne vous demande, en échange, que votre fidélité et la volonté d'oublier le passé. Cela, pouvez-vous me le donner ?

 — Oui, je le puis, avec mon estime, mon affection reconnaissante, avec la promesse de remplir tous mes devoirs à votre égard, à l'égard de votre mère. Mais vous méritez mieux, monsieur Jacques...

 Il m'interrompit d'un geste vif.

 — C'est vous que j'aime. Et quand vous serez chrétienne, les vertus que j'ai depuis si longtemps reconnues chez vous s'épanouiront merveilleusement. J'ai toujours admiré votre droiture d'âme, Solange. C'est elle qui me donne tant de confiance en vous, car dès l'instant où nous serons engagés l'un à l'autre, c'est mon honneur que vous aurez entre les mains, mon honneur et mon cœur.

 Il me regardait avec une émotion anxieuse, et je sentis trembler un peu la main qui tenait toujours la mienne.

 Mon regard soutint fermement le sien, et je dis gravement, de toute mon âme :

 — J'en resterai la gardienne fidèle, je vous le promets, Jacques, je serai votre femme, et dès ce moment je veux oublier le passé pour ne regarder que vers l'avenir, vers vous.

 Quelle joie s'exprimait sur cette physionomie ! Malgré le secret déchirement de mon cœur, j'en ressentis un contentement attendri. Lui, au moins, serait heureux, cet homme dont j'admirais la noble nature. Oui, je me promettais de tout faire pour son bonheur.

 Il me serrait les mains en murmurant :

 — Merci, merci, Solange !

 Mme Mairet rentra. Sans nous questionner, à la seule vue de son fils, elle connut la réponse. Alors elle m'embrassa avec tendresse en m'appelant sa fille chérie. Et nous nous assîmes tous trois, nous causâmes tranquillement, nous fîmes des projets d'avenir. Je me sentais très calme, très résignée, je souriais sans effort. Jacques ne me quittait guère des yeux, mais son regard avait repris l'expression accoutumée. J'aurais pu croire avoir rêvé cette ardente flamme d'amour qui m'avait troublée tout à l'heure.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 Texte de Marie PETITJEAN DE LA ROSIÈRE (Avignon 1875-1947 Versailles), d'abord paru en feuilleton dans le quotidien "L'Écho de Paris" du lundi 26 septembre 1910 au mardi 18 octobre 1910, puis © Éditions du Dauphin, 1952. Publié sous le pseudonyme de "Delly".

 Mis en ligne durant l'été 2013 par Alexis DORVENNE (pseudonyme).

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Note d'Alexis DORVENNE :

Comme indiqué en note du chapitre XIV, ce chapitre XV étant très long, je l'ai divisé en quatre parties, le décomposant en quatre articles sur mon blog : 15-A, 15-B, 15-C et 15-D.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Contact (pour correction de mon texte, ou autre sujet) : alexis.dorvenne@laposte.net

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Édition du samedi 24 août 2013, à 19h36

 

 

 

 

 


 
 
posté le 23-08-2013 à 13:42:53

LE CHANT DE LA MISÈRE (Delly, 1910) Chapitre 15-B

 En arrivant à Bar-les-Chaumes, Mr Mairet m'aida à descendre, me serra la main comme de coutume et s'éloigna pour rejoindre sa voiture qui l'attendait, tandis que je prenais la route du village. Nous ne voulions pas avoir l'air de nous cacher, comme des coupables. Mais ce nouvel ennui, joint à la pénible émotion qui l'avait précédé, me fut si sensible que je dus prendre le lit le lendemain avec une forte fièvre. Je restai deux jours couchée, toute brisée d'une lassitude plus morale que physique. Le troisième, je voulus me lever pour faire ma classe. Je trouvai mes élèves moins nombreuses. Je m'informai près de l'une d'elles avec surprise :

 — Et une telle ?... Une telle ?... Sont-elles malades ?

 L'enfant me répondit avec un regard sournois :

 — Oh ! non ! C'est leurs parents qui ont dit qu'ils les enverraient plus en classe tant que c'est vous qui serez là.

J'eus une commotion douloureuse qui me fit monter le sang au visage. Ah ! il avait raison, Dominique Lasalle ! Sa vengeance me poursuivait et m'atteignait au plus sensible de mon être.

 Quand je me retrouvai seule avec ma sœur, je me mis à sangloter. Je me sentais si faible, si lasse depuis quelques jours que mon habituelle force morale fléchissait aujourd'hui.

 — Ma chérie, calme-toi ! me disait tendrement Alexine. Tout finira par s'arranger, on reconnaîtra combien on s'est trompé en te jugeant ainsi.

 Mais je savais bien, moi, que la calomnie continuerait à faire son œuvre. On me déplacerait, on m'enverrait je ne sais où. Là, la haine de Dominique Lasalle me suivrait peut-être encore. J'avais entrevu tant de sombres abîmes dans l'âme de cet homme que j'avais cru d'abord un simple ambitieux, incapables de sentiments un peu violents !

 Le lendemain, dimanche, à l'heure où d'ordinaire elle se trouvait aux vêpres, je vis apparaître Mme Mairet. J'étais seule, ayant envoyé Alexine faire un tour avec les petits. L'excellente femme me prit les mains en disant avec une affectueuse douceur :

 — Allons ! voilà une pauvre enfant qui se tourmente, qui va se rendre malade ! Nous allons causer de cela ensemble, Solange ! Je viens aujourd'hui pour vous seule.

 D'un mouvement instinctif, j'appuyai ma tête contre son épaule et je lui dis alors toute ma souffrance. Ses bras m'entouraient maternellement, son regard si bon me réchauffait l'âme. Quand j'eus fini, elle m'embrassa longuement.

 — Jacques m'avait tout raconté. Pauvre petite si honnête, si droite ! Mais il y a un moyen de tout arranger, si vous voulez.

 Je la regardai d'un air d'interrogation anxieuse. Elle s'assit sur un fauteuil, et je pris place à ses pieds sur un tabouret, tandis qu'elle continuait de cette voix qui rappelait celle de son fils :

 — Je suis ici à l'insu de Jacques. Mon pauvre enfant se trouve dans une indécision terrible : d'un côté, il voudrait vous demander de devenir sa femme, il le voudrait d'autant mieux qu'il vous aime de toute son âme...

 J'eus un brusque mouvement.

 — Lui !... Lui !...

 — Oui, depuis longtemps. Il me l'a confié, comme il me confie tout. Mais il n'osera jamais vous parler de cet amour, à cause de la lettre qu'il vous a écrite au sujet de Michel. Sa délicatesse ne pourrait supporter l'idée que vous voyiez là une manœuvre pour écarter un rival, alors qu'il l'a fait en tout désintéressement, pour épargner à son cousin, à son frère, un terrible malheur, et pour vous éviter, à vous qu'il aime plus que lui-même, la souffrance d'un grand remords.

 Je restais silencieuse. Mes mains, croisées sur la jupe de Mme Mairet, frémissaient un peu. Jacques m'aimait ! Jamais je n'avais imaginé cela.

 — J'ai voulu être l'intermédiaire entre vous deux, continua la mère, dont la voix avait des vibrations émues, un peu tremblantes. Ce serait le bonheur de Jacques et pour vous la tranquillité, la douceur d'une vie entourée d'affection et de respect. Vous n'êtes pas encore chrétienne, mais vous avez dit à mon fils que vous croyiez maintenant...

 — Oui, c'est vrai, je crois et je suis prête à m'instruire, dis-je fermement.

 — Ainsi, le seul obstacle qui pourrait vous séparer de lui a disparu. Votre sœur deviendrait celle de Jacques, vos neveux seraient élevés à la Perlière. Quant à moi, je suis prête à vous adopter comme une fille très chère, parce que j'ai reconnu la beauté de votre âme, la droiture de votre caractère, votre énergie devant le devoir, si dur fût-il.

 Je penchai un peu ma tête sur ses genoux en disant d'une voix frémissante :

 — Si, il y a un obstacle entre lui et moi.

 Ses mains se posèrent sur mes cheveux en un geste de caresse.

 — Je sais à quoi vous faites allusion. Mais de cela c'est avec lui que vous parlerez. Je suis venue simplement vous dire le motif qui empêche Jacques de vous offrir son nom, comme il en a le si ardent désir. Maintenant, je vous demande de m'accompagner à la Perlière pour causer avec lui.

 Je secouai négativement la tête.

 — C'est inutile, je ne veux pas me marier. Mr Jacques est trop bon de songer ainsi à la pauvre créature que je suis. D'autres seront plus dignes de lui que moi, qui n'aurais à lui apporter qu'un cœur désenchanté et un nom sur lequel on s'acharne à jeter de la boue, comme si je ne souffrais pas assez sans cela !

 De nouveau, les larmes glissaient sur mon visage. Mme Mairet se pencha pour prendre ma tête entre ses mains et me regarda avec une tendresse qui me remua le cœur.

 — Jacques a pensé — comme moi, du reste, — qu'il ne pouvait mieux choisir que ce brave cœur courageux, bien connu de lui. Il vous est impossible de lui rendre amour pour amour ; vous avez encore dans le cœur un autre souvenir, il le sait. Mais voyez si vous pouvez lui promettre la fidélité conjugale et une affection raisonnable. Alors mettez sans crainte votre main dans la sienne. Je puis vous assurer que vous serez heureuse et que vous l'aimerez, mon Jacques. Quant à votre résolution de ne pas vous marier, c'est une folie de votre part, mon enfant. C'est aussi, je vous le dis franchement, un peu d'orgueil. Vous vous enfoncez dans votre chagrin, dans votre désillusion, vous vous en repaissez sans vouloir vous élever au-dessus de ces stériles regrets. Vous valez mieux que cela, Solange. Soyez forte, acceptez la main loyale qui s'offre à vous et qui saura vous guider, vous préserver, vous soutenir. Si vous croyez au désintéressement de Jacques, lorsqu'il vous écrivit naguère, venez avec moi à la Perlière.

 — Oui, j'y crois. Et...

 J'hésitai un moment, en abaissant un peu les paupières pour qu'elle ne vît pas dans mes yeux la souffrance qui me serrait le cœur.

 — ... Et Mr Mairet est le seul homme qui m'inspirerait assez de confiance pour me décider au mariage. Mais je ne peux pas... Non, ce ne serait pas bien... Il sait que... que mon cœur a été à un autre et que je souffre encore...

 — Oui, il le sait, c'est pourquoi vous pouvez accepter sa demande, à condition, je le répète, que vous soyez résolue à remplir tous vos devoirs et à éloigner peu à peu de vous ce souvenir trop cher.

 — Cela, je le ferai dès l'instant où je serai engagée à lui. Mais je crois que je dois réfléchir, madame, avant de voir votre fils.

 — Je ne veux pas vous presser, mon enfant. Mais j'aurais préféré pour vous que vos fiançailles fussent annoncées le plus tôt possible à cause de l'incident de l'autre jour.

 — C'est vrai ! murmurai-je. Eh bien ! je vous demande dix minutes, voulez-vous ? Dix minutes pour voir dans ma conscience si je puis honnêtement accepter la demande de Mr Jacques.

 — C'est cela, mon enfant. Je vais aller faire une petite visite chez une vieille amie et je reviendrai.

 Quand je me trouvai seule, j'enfouis mon visage entre mes mains et je m'interrogeai longuement.

 La blessure de mon cœur était toujours vive, mais j'avais fait depuis longtemps le sacrifice de l'amour de Michel, je ne m'étais permis aucune espérance, j'avais toujours évité de le revoir. Aussi ma souffrance se faisait-elle moins âpre, moins douloureuse. Pour Jacques Mairet, j'avais l'estime la plus profonde et une confiance dont je m'étonnais un peu, moi, la sceptique Solange. Je le considérais comme le type de l'honnête homme et comme un cœur très bon, très ferme, délicat aussi, j'en avais la preuve dans le scrupule qui le retenait de demander ma main.

 Toute autre femme eût pu être heureuse près de lui. Mais moi ?

 J'appuyai un instant ma main sur mon cœur qui battait si fort, si fort. Une grande vague de douleur passait sur moi. Je fermai les yeux en murmurant désespérément :

 — Oh ! ce n'est pas possible ! Non, je ne peux pas !

 Je restai un long moment abattue, frissonnante. Comme « son » souvenir me tenait encore, puisque la seule pensée du mariage avec un autre, pourtant sympathique et estimé entre tous, m'inspirait une telle révolte !

 Ce fut d'ailleurs un court moment de défaillance. Presque aussitôt les paroles de Mme Mairet revinrent à mon esprit : « Soyez forte, Solange. ». Oui, je ne devais pas perdre ma vie dans ces regrets inutiles. Jacques Mairet m'offrait le moyen de la rendre bonne et féconde, en me demandant de devenir la gardienne respectée de son foyer. À défaut d'amour, je saurais lui donner une affection fidèle, je m'essayerais à le rendre heureux, de tout mon pouvoir, cet honnête homme dont la noble générosité me touchait profondément, je serais une fille dévouée pour sa mère, je leur montrerais que Solange Dorvenne savait être reconnaissante.

 Quand Mme Mairet revint et qu'elle me demanda : « Venez-vous, mon enfant ? », je répondis d'une voix ferme : « Oui, madame. ».

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 Texte de Marie PETITJEAN DE LA ROSIÈRE (Avignon 1875-1947 Versailles), d'abord paru en feuilleton dans le quotidien "L'Écho de Paris" du lundi 26 septembre 1910 au mardi 18 octobre 1910, puis © Éditions du Dauphin, 1952. Publié sous le pseudonyme de "Delly".

 Mis en ligne durant l'été 2013 par Alexis DORVENNE (pseudonyme).

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Notes d'Alexis DORVENNE :

1) Comme indiqué en note du chapitre XIV, ce chapitre XV étant très long, je l'ai divisé en quatre parties, le décomposant en quatre articles sur mon blog : 15-A, 15-B, 15-C et 15-D.

 

2) La collection "PRESSES POCKET" écrit : « Allons ! voilà ma pauvre enfant qui se tourmente » et non : « Allons ! voilà une pauvre enfant qui se tourmente », texte de la collection "ROMANESQUE".

 

3) Dans « alors qu'il l'a fait en tout désintéressement », le pronom impersonnel « l' » ne remplace rien dans la phrase. C'est une licence grammaticale classique qui permet de faire plus simple, lorsque le lecteur comprend bien le fait sous-entendu que ce pronom remplace, ce qui est le cas ici.

 

4) J'ai rajouté un point après la fermeture des guillemets français de : « Soyez forte, Solange. », pour terminer la phrase de la narratrice.

Semblablement, j'ai rajouté une virgule après :  « Venez-vous, mon enfant ? », et un point final après : « Oui, madame. ».

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Contact (pour correction de mon texte, ou autre sujet) : alexis.dorvenne@laposte.net

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Édition du samedi 24 août 2013, à 19h34

 


 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article